Pour les cinq prochaines années, les vins australiens importés en Chine seront soumis à une taxe douanière qui pourra s’élever jusqu’à 218 % dans certains cas. Il s’agit là du dernier coup porté dans le conflit commercial qui oppose les deux pays, alors que les performances des vins australiens sur le marché secondaire étaient déjà négativement impactées.
Dès le mois d’août dernier, la Chine avait effectivement lancé une procédure « antidumping » sur le vin australien. Et à la fin du mois de novembre suivant, le gouvernement chinois avait déjà introduit des droits de douane de 107 % à 212 %, auxquels étaient venus s’ajouter en décembre des droits antisubventions de 6 %.
Les nouveaux droits de douane, compris entre 116 % et 218 %, ont été officialisés en mars dernier et, bien que l’Australie ait l’intention de faire appel auprès de l’Organisation mondiale du commerce, ils devraient bel et bien rester en vigueur pour les cinq prochaines années.
La Chine étant le premier marché d’exportation des vins australiens sur le plan de la valeur (près de 40 %), l’effet néfaste de ces droits de douane sur les exportations se ressent déjà, selon Wine Australia.
Premier de cordée
L’Australie est depuis longtemps l’un des principaux moteurs de l’augmentation de la part de marché de la catégorie Reste du monde (qui comprend également l’Espagne, l’Allemagne, le Chili, l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande). Et dernièrement, cette part de marché a atteint des sommets, le marché des vins fins s’étant élargi au-delà des bastions traditionnels que sont Bordeaux et la Bourgogne. L’année dernière à la même époque, la part de marché de la catégorie Reste du monde (RdM) représentait 9 % de la valeur totale des échanges sur le marché du vin.
L’Australie représentait alors 45,3 % de la valeur totale des échanges de vin dans la catégorie RdM, contre seulement 17 % le mois dernier.
Des baisses notables
Depuis l’introduction de ces droits de douane, la part de marché mensuelle de l’Australie en valeur a presque diminué de moitié et le nombre de vins échangés a sensiblement baissé, comme le montre le graphique ci-dessus. Avant l’apparition de ces taxes, le nombre de vins australiens distincts (LWIN11) échangés augmentait progressivement sur une base annuelle, avec une hausse de 304 % entre 2015 et 2020.
Sur une base mensuelle, août 2020 a marqué un record, 83 vins distincts (LWIN11) ayant changé de mains dans le mois. En mars cette année, seuls 28 vins australiens se sont négociés sur Liv-ex. Par rapport au même mois l’année dernière, le nombre de transactions initiées par des acheteurs asiatiques a baissé de 80 % et la valeur des échanges de 59 %.
Aujourd’hui, en tête des échanges sur le marché secondaire australien, on trouve le vin le plus performant en termes de hausse de prix, soit le Penfolds Grange, et plus particulièrement ses millésimes 2010, 2016 et 2008. Les millésimes 2015 et 2013 de The Laird de Torbreck ont également profité d’une certaine activité. Pourtant, les droits de douane qui viennent d’être imposés ont considérablement réduit l’éventail de vins australiens qui trouve preneur.
En attendant, il ne fait aucun doute que les droits de douane chinois ont eu un effet immédiat.