La nouvelle de la trêve commerciale entre les États-Unis et l’Union européenne vendredi dernier a permis de relancer instantanément l’activité sur le marché secondaire, avec le retour en force des membres américains.
Le nombre d’offres d’achat LIVE émises pas les marchands américains sur la bourse d’échange Liv-ex a grimpé en flèche ce week-end pour se concentrer particulièrement sur les vins de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne et du Rhône.
Bien que les résultats n’aient pas été aussi immédiatement perceptibles, la demande pour les vins italiens de la part des acheteurs américains est néanmoins restée forte et la part de marché du pays en valeur reste la plus élevée après celle de Bordeaux (voir le graphique ci-dessus).
La relance de l’activité a été provoquée par l’annonce, vendredi dernier en fin d’après-midi, de la suspension unilatérale des droits de douane convenue entre l’UE et les États-Unis, alors que chaque administration taxait jusqu’ici diverses marchandises d’importation dans le cadre du différend Boeing-Airbus.
Chaque entité avait effectivement accusé l’autre de subventionner illégalement son entreprise aérospatiale. En 2019, l’Organisation mondiale du commerce ayant reconnu que l’UE avait injustement subventionné Airbus, les États-Unis imposaient des droits de douane sur une série d’exportations européennes, allant des tracteurs aux vins et spiritueux, pour une valeur estimée à 7,5 milliards de dollars.
L’année dernière, l’OMC statuant que les États-Unis avaient aussi illégalement subventionné Boeing, l’UE imposait ses propres droits de douane sur les produits américains, pour une valeur d’environ 4 milliards de dollars.
Bien que le différend était antérieur à la prise de fonction du président Donald Trump, ce dernier, du haut de la politique « America First » de son administration, avait accueilli avec enthousiasme l’introduction de ces droits de douane ; les relations entre les États-Unis et l’UE se détériorant à un niveau sans précédent au cours de sa présidence.
Toutefois, avec l’élection de Joe Biden en novembre dernier, l’espoir que de bonnes relations soient rétablies et que les droits de douane soient abolis émergeait, malgré la subsistance de doutes quant à la priorité immédiate de la nouvelle administration.
Mais la situation a évolué plus rapidement que prévu. En décembre dernier, le Royaume-Uni a déclaré suspendre volontairement ses droits de douane sur les produits américains, les ÉtatsUnis retournant la faveur à leur tour jeudi dernier.
C’est ainsi que vendredi les responsables commerciaux américains et européens ont annoncé avoir convenu de suspendre pour quatre mois tous les droits de douane en vigueur depuis 2019.
Les deux parties ont depuis qualifié cette décision de « nouveau départ » et de « remise à zéro » de leur relation, ce qu’a confirmé le commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis : « La suppression de ces droits de douane apparaît comme une solution profitable aux deux parties, à un moment où la pandémie nuit à nos travailleurs et à nos économies. »
Les droits de douane ont eu un effet singulier sur le marché des vins fins au cours des 18 derniers mois, notamment pour l’Italie et la Champagne dont les vins étaient exemptés de la taxe supplémentaire de 25 %.
Les deux régions avaient en conséquence enregistré des gains importants sur le marché secondaire, leurs parts de marché augmentant et la performance des prix s’améliorant pour de nombreuses marques ; la part de marché de l’Italie en valeur atteignant d’ailleurs un niveau record en 2020.
Les droits de douane entre les États-Unis et l’UE devant être révisés dans quatre mois, il sera sans aucun doute intéressant de constater l’effet de cette trêve sur l’activité du marché dans l’intervalle.