Les prix des nouveaux vins de Bordeaux ont historiquement montré peu de corrélation avec les mouvements du marché physique. Les prix de sortie sont généralement plutôt influencés par les considérations qualitatives et quantitatives, ainsi que par l’opinion des critiques. Ainsi, lorsque l’on prend en référence la note moyenne donnée par Wine Advocate, une différence marquée apparaît entre la tarification des bons millésimes et la tarification des millésimes intermédiaires, comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous.
Les habituelles dégustations en primeur annuelles ayant été reportées, le marché ne sait pas encore comment s’orienteront les notes des critiques et les prix, mais les premières indications suggèrent que 2019 peut se targuer d’être de meilleure qualité que 2018, ce qui suppose une hausse des prix de sortie pour le nouveau millésime.
Indices Bordeaux 500 et Ex-château comparés aux notes moyennes de Wine Advocate selon les millésimes
Dans son rapport sur les Bordeaux 2018, Neal Martin avait déjà fait allusion à « l’excitation entourant le millésime 2019 ». Il écrivait alors : « une majorité de vignerons pensent que les vins de 2019 seront supérieurs en qualité aux vins de 2018 en raison d’un pH légèrement meilleur. Ayant assisté directement aux vendanges, je pense que leur optimisme est justifié. »
Les rapports de Gavin Quinney et de l’équipe derrière Saturnalia confirment également que 2019, en ce qui concerne les vins de Bordeaux, sera un très bon, voire un excellent millésime. Le millésime 2019 surgit de plus après deux saisons de vendanges difficiles : 2017 affecté par des gelées et 2018 victime du mildiou. Bien que la production totale en 2019 (486,3 millions de litres) ait été inférieure à celle de l’année précédente (500 millions de litres) et à la moyenne décennale (508 millions de litres), les principales appellations ont bénéficié de récoltes abondantes. Comme le montre le graphique ci-dessous, 2019 a marqué le retour généralisé de bons volumes de production dans les sept zones les plus prestigieuses de la région bordelaise.
Volumes produits par appellation
Cependant, l’abondance des récoltes dans les principales appellations ne signifie pas nécessairement que plus de vin sera mis sur le marché. Comme cela a été la tendance récemment, un marché atone pourrait inciter les châteaux confiants financièrement à reporter ou à annuler la sortie de leurs vins plutôt que de les proposer à plus bas prix.
Mais cela n’est pas sans inconvénient. Sur les listes des marchands au sein de la chaîne d’approvisionnement, figure toujours une bonne part de vins jeunes. En ajoutant à cela les stocks encore détenus par les châteaux, les difficultés qui s’opposent à l’appréciation des prix sur le marché secondaire se font évidentes : trop de grands millésimes signifie également trop de grands vins invendus.
Distribution des stocks par millésime au sein du Bordeaux 500 (en %)
La campagne Bordeaux 2019, qui devrait se dérouler au mois de juin ou juillet prochain, ne ressemblera à aucune autre. Avec la sortie d’un millésime abondant et de grande qualité dans un monde frappé par des bouleversements sociaux et économiques d’une ampleur sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, on peut s’attendre à quelques surprises.
Pour en savoir plus sur l’actualité du marché bordelais et des primeurs, consultez notre dernier rapport détaillé intitulé : Bordeaux 2019 – le temps comme allié.