Le 5 mars dernier, le Bureau du représentant américain au commerce et la Commission européenne ont annoncé conjointement suspendre tous les droits de douane entrés en vigueur dans le cadre du différend entre Boeing et Airbus pour une durée de quatre mois. La veille, soit le 4 mars, Boris Johnson et Joe Biden avaient également convenu d’un cessez-le-feu sur les vins et le scotch britanniques.
De manière assez peu surprenante, cela a relancé l’intérêt des Américains pour le marché des vins et spiritueux. Alors que la demande américaine restait stable depuis le début de l’année, une certaine prudence s’observait en raison de l’incertitude autour des droits de douane. La suspension de quatre mois qui vient d’être prononcée a au moins pour effet de procurer une fenêtre de certitude et cela s’est reflété dans l’activité, tant sur le marché qu’au niveau des défis un peu plus complexes que représentait l’expédition des stocks. Ainsi, les stocks qui étaient jusqu’ici retenus en Europe traversent à nouveau l’océan.
Sur le plan des échanges, alors que les acheteurs américains se concentraient auparavant sur les régions exemptes de droits de douane qu’étaient l’Italie et la Champagne, l’on a pu constater après annonce que les yeux de ces derniers (et leurs dollars) se tournaient à nouveau vers Bordeaux et le Rhône. Comme le montre le graphique ci-dessous, la part des offres LIVE en valeur pour Bordeaux est passée de 4 % avant l’annonce de la suspension à 55 % après.
D’autres régions précédemment concernées par ces droits de douane, comme le Rhône et l’Espagne, ont également connu une hausse significative des offres d’achat LIVE. L’Italie en particulier, mais aussi la Champagne et la Bourgogne, ont vu leur part d’offres d’achat diminuer. Il sera intéressant de voir si cet état de fait persiste tout au long du mois.
Avec le regain d’intérêt des États-Unis pour Bordeaux, la part de la région dans les échanges en valeur – tirée vers le haut par les Premiers crus – a augmenté par rapport à la semaine dernière, atteignant 45,7 %. Au niveau des AOC individuelles, Pauillac est en tête des échanges, suivie de Saint-Julien, Saint-Émilion Grand Cru, Pomerol et Margaux.
Bien que la part d’offres d’achat LIVE en provenance des États-Unis ait diminué pour l’Italie, la région conserve une position favorable, sa part de marché globale se maintenant au-dessus du niveau de février. Le Rhône a franchi la barre des 4 % de part de marché hebdomadaire, ce qui constitue une hausse tout à fait honorable pour la région. La Bourgogne, quant à elle, a connu un recul par rapport au niveau d’activité de la semaine précédente, les échanges aux États-Unis marquant également un temps d’arrêt.
Le Redigaffi 2018 de Tua Rita est le vin qui s’est le plus échangé en valeur cette semaine. Lancé l’année dernière, le vin s’est depuis révélé être très populaire. Il s’agit du deuxième vin italien de 2018 le plus échangé en valeur en 2021, juste derrière le Sassicaia 2018 sorti récemment.
Pour la région de Bordeaux, c’est le Château Lafite Rothschild 2018 qui est en tête des échanges en valeur. 2018 correspondant au 150e millésime produit par le domaine depuis qu’il est devenu la propriété de la famille Rothschild, une bouteille et une étiquette en édition limitée sont venues marquer cet anniversaire.
Après l’annonce de cette sortie spéciale à la fin de l’année dernière, nous avons assisté à une flambée des échanges et à une augmentation de 20 % du prix de ce vin qui a ainsi atteint 7 500 £ les 12 bouteilles de 75 cL. L’effet d’annonce étant retombé et la dernière critique au sujet des Bordeaux 2018 ayant désormais été publiée par Neal Martin, le prix a connu une légère baisse, le vin se négociant pour la dernière fois à 7 000 £ les 12 bouteilles de 75 cL.
Le Château Palmer 2018 a ressenti cette semaine l’effet des critiques qui ont loué sa perfection. Le 9 mars dernier, N. Martin a en effet attribué la note parfaite de 100 points au vin en bouteille en parlant « d’une légende en devenir » et statuant qu’« il n’y aura jamais un autre Palmer comparable ». Le vin, qui enregistrait une certaine activité autour de 2 800 £ les 12 bouteilles de 75 cL avant que sa note soit actualisée, s’est vu échangé pour 3 260 £ dans les mêmes quantités lors de la dernière transaction.
Nouvelles sorties