La diversification croissante du marché secondaire, la hausse du prix du Musigny du Domaine Leroy et la baisse des prix des Bordeaux en primeur sont des événements de 2020 que nos membres avaient correctement anticipés.
Les membres de Liv-ex constituent le plus grand groupe de marchands professionnels de vins fins au monde et on estime qu’il représente à lui seul 90 % du chiffre d’affaires du marché des grands vins dans le monde. Liv-ex fait actuellement état de plus de 500 membres répartis dans 44 pays, comprenant de jeunes entreprises comme des marchands établis depuis des siècles.
Nous avons interrogé nos membres au début de l’année 2020 pour avoir leur avis sur l’année à venir et en leur demandant notamment de prévoir le niveau de clôture de l’indice Liv-ex Fine Wine 100 au 31 décembre 2020.
Un membre de Liv-ex est parvenu, avec son estimation à 319,13, à prédire le niveau de clôture à 0,14 point près, l’indice ayant clôturé l’année à 318,99 points. Nous sommes ravis de lui faire parvenir notre prix : un magnum de Château Montrose 2000 (Valeur marchande : 330 £ la bouteille de 150 cL).
Nos autres questions portaient sur les défis que les marchands s’attendaient à relever en 2020 et sur les changements qu’ils auraient souhaité voir dans leur quotidien.
À la question de savoir ce qu’il changerait sur le marché du vin s’il avait la possibilité de changer une chose seulement, un marchand membre a répondu qu’il souhaiterait « voir un marché secondaire se créer autour de plus de vins ».
Et en 2020, force est de constater qu’il y a eu bien plus que cela. Le nombre de LWIN11 actifs (vins possédant au moins une offre d’achat ou une offre de vente) a augmenté de 33,3 % pour atteindre 28 131 unités, tandis que le nombre de vins distincts échangés a augmenté de 41,3 % pour atteindre 10 364 unités.
Cependant, 2020 s’est annoncée d’emblée comme une année délicate et lorsqu’on a demandé aux membres quel serait le plus grand défi pour leur entreprise dans l’année à venir, 32,3 % ont spécifiquement fait mention du Brexit, des droits de douane aux États-Unis ou de la pandémie de Covid-19. Trois événements qui ont certainement eu un impact sur le marché – et qui continuent à en avoir un aujourd’hui.
L’une des dernières questions exigeait des répondants qu’ils se projettent dans l’année 2020 pour nous faire part de leur « prédiction majeure ». Certaines prédictions se sont vérifiées, tandis que d’autres se sont traduites de façon légèrement différente dans la réalité :
Ce que nos membres ont prévu avec exactitude
- « La diversification des investissements dans le secteur des vins fins se poursuivra et les “régions du Reste du Monde” (c’est-à-dire : le Rhône, la Champagne, le Piémont, l’Espagne, etc.) verront leur part de marché dans le commerce mondial des vins fins s’accroître ». La part de marché du Reste du monde a effectivement augmenté pour atteindre 5,7 %, soit le double de l’année précédente. L’Italie a également connu un important essor en 2020, clôturant l’année avec 15,2 % de part de marché par rapport à la valeur totale des échanges (contre 8,8 % en 2019). De plus en 2020, nous avons attribué aux vins des États-Unis une catégorie à part entière en raison de la multiplication par 3 de la part de marché de la région (7,0 % en 2020 contre 2,3 % en 2019). Voir Graphique 1 ci-dessus.
- « La valeur du Musigny du Domaine Leroy dépassera 50 000 € pour une bouteille ». Le millésime 2015 a en effet clôturé l’année à un prix de marché de 75 683 euros la bouteille.
- « Les primeurs 2019 des Bordeaux afficheront des prix 20 % inférieurs à ceux des primeurs 2018 ». Dans notre rapport de clôture de la campagne des primeurs 2019, nous avons constaté une baisse moyenne de 21 % des prix des vins mis sur le marché.
- « Les droits de douane étatsuniens s’appliqueront toute l’année » Aux États-Unis, les droits de douane sur les vins et spiritueux de l’UE sont effectivement restés en vigueur tout au long de l’année. Ils se sont même étendus pour inclure tous les vins titrant plus de 14 % dans les dernières heures de 2020. Le représentant américain au commerce a par ailleurs annoncé la semaine dernière qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que ces droits de douane soient révisés dans un avenir proche.
Ce que nos membres ont en partie prévu
- « Les Premiers crus renoueront avec la croissance, tant sur le plan des parts de marché que de la performance ». La part de marché des Premiers crus a en réalité reculé par rapport à sa valeur moyenne sur trois ans, passant de 21,3 % à 13,7 %. Cependant, les prix des Premiers crus ont connu une légère hausse de 3,45 % en 2020 comme mesurée par l’indice Fine Wine 50.
- « Pour relancer le marché, les prix des Bordeaux vont se stabiliser ». Comme le montre le Graphique 2 ci-dessous, la volatilité des prix des Bordeaux s’est réduite au cours du second semestre de l’année. De mars à mai, les confinements locaux et le renouvellement des droits de douane ont créé de l’agitation, mais après cette période, les prix des Bordeaux se sont effectivement stabilisés.
- « Le whisky aura la cote et les vins américains perdront de leur popularité ». Le whisky a effectivement eu le vent en poupe. 2020 est la meilleure année en ce qui concerne les échanges de spiritueux sur Liv-ex, le whisky de malt en tête. Cependant, les vins américains n’ont en rien perdu de leur popularité. Au contraire, ils ont enregistré une augmentation de la demande, un plus grand nombre d’étiquettes de vins de la région se retrouvant sur le marché secondaire.