L’opinion des critiques au sujet du dernier millésime physique de Bordeaux a commencé à se dégager, avec notamment la publication des notes de Jane Anson (Decanter) et James Molesworth (Wine Spectator).
D’autres critiques majeurs devraient publier leur rapport complet sur le millésime en mars prochain, car les restrictions liées aux confinements en cours ont retardé les dégustations habituelles en bouteille.
Au fur et à mesure que les critiques publieront leurs évaluations, le positionnement du millésime 2018 se précisera sans aucun doute. Du point de vue du marché secondaire, le millésime n’en est qu’à ses débuts – même s’il a déjà enregistré quelques mouvements. Jusqu’à présent cette année, 2018 est le sixième millésime bordelais le plus échangé en valeur, représentant 6,8 % de la part de marché de la région.
En ce qui concerne la qualité, J. Anson note que le millésime 2018 s’est révélé être « un grand succès avec des points forts remarquables, en particulier en ce qui concerne les Pauillac, Margaux et Saint-Émilion ». Toutefois, en raison d’« hésitations sur certains vins », J. Anson a révisé sa note globale pour le millésime pour la descendre « à 4, et non plus 4,5, sur 5 pour les rouges (et ce bien que la note pour la Rive droite reste 4,5 lorsqu’on y regarde de plus près) ». Le tableau ci-dessous présente les vins les mieux notés par J. Anson, avec notamment quatre vins notés 100.
James Molesworth, dont le rapport complet sera publié dans le numéro du 31 mars 2021 du magazine Wine Spectator, a attribué sa meilleure note au Château Latour (99 points), sept vins ayant par ailleurs reçu 98 points.
Pourtant, beaucoup des vins favoris des critiques ont pris du retard sur le plan de la performance des prix depuis leur sortie. Le millésime 2018 est entré sur le marché au même niveau de prix que le très prisé (et très échangé) millésime 2016, avec un certain nombre de vins proposés à des prix records ou presque.
La performance ultérieure des vins de 2018 n’a pas non plus été aidée par l’attrait du millésime 2019, sa tarification attractive (19 % inférieure en moyenne à celle du millésime 2018) et l’accueil qui lui a été réservé ayant transformé la campagne des primeurs, d’abord reportée, en un franc succès. Voir notre rapport détaillé, Bordeaux 2019 : le retour de la magie.
Selon J. Anson, « le marché s’attend à ce que les vins de 2018 conservent leur valeur, mais certainement pas à ce que les prix grimpent de sitôt. »
Au moment de la sortie des Bordeaux 2018, les louanges généreuses des critiques et les allocations relativement restreintes (en moyenne 20 % inférieures aux niveaux de 2017) ont produit une campagne quelque peu saccadée, malgré certaines inquiétudes au sujet des prix. Les prochaines critiques des vins en bouteille vont-elles remettre les Bordeaux 2018 sur le devant de la scène en influençant la demande et les prix ?